Cette semaine au menu, la revanche de Marie Raccuglia multi DYS.
- Son parcours
- Ses handicaps
- Sa scolarité difficile
- Ses super-pouvoirs DYS
- Sa confiance en elle
La semaine dernière quand j’ai posté la première newsletter vous étiez 72 et aujourd’hui vous êtes déjà 500 à suivre la newsletter. (merci à vous tous de me suivre)
Je ne me suis pas trompé, le sujet est vraiment tabou. (ça me donne encore plus envie de m’investir dans le sujet) 🔥
J’espère sincèrement que grâce aux témoignages et aux contenus que je vais partager je vais pouvoir aider des DYS à se construire et à prendre confiance en eux.
La revanche de Marie Raccuglia multi DYS !
Peux-tu présenter ton parcours post BAC et ton métier rapidement ?
“Comme étude, j’ai fait un DUT gestion des administrations et des entreprises et un Master en Management des affaires internationales à la FAC de de Lille.
Aujourd'hui, je suis product strategist (dans le digital). C’est un métier hybride: entre UX designer et product manager.”
C’est quoi ton métier concrètement ? 💻
“Je conçois et j’améliore pour des entreprises, l’expérience utilisateur de leurs sites web, leurs applications digitales. En gros, je travaille sur le parcours en ligne de l’utilisateur pour le rendre plus fluide.”
C’est quoi tes handicaps DYS ? Comment ça se manifeste chez toi ?
La dyslexie :
“Ça s’est manifesté par un retard de l’apprentissage de la lecture. J’alternais les lettres en les lisant.
Mes parents pensaient que je ne pourrais jamais faire d'études.”
La dyspraxie :
“Elle a été détectée beaucoup plus tard que mes autres DYS. J’ai des problèmes de coordination, ma famille me surnommait Gaston Lagaffe.
Je faisais sans cesse tomber des choses, je me cognais, je trébuchais. J’étais très maladroite.”
La dysorthographie :
“Mon plus gros handicap, j’ai la forme de dysorthographie la plus prononcée et la plus rare.
Quand j’étais petite, j'écrivais tous les mots et les lettres à l’envers. J’écrivais naturellement de droite à gauche.”
Comment as-tu réussi à compenser quand tu étais jeune ? 👶
“C’est soit j’abandonnais, soit je me battais pour m’en sortir car j’avais compris que personne ne viendrait m’aider donc j’ai fait le choix de travailler beaucoup plus.
Je me suis acharnée dès je n’étais pas satisfaite de mes résultats (ce qui été très fréquent). Je m'attribuais du travail en plus pour pouvoir m’en sortir.”
Mes parents m’ont mis en sport étude dès la primaire (GRS), le sport m’a permis d’améliorer fortement ma coordination."
As-tu mal vécu ta scolarité ? 🎓
“Petite, j’ai énormément été humiliée par mes professeurs.
J’ai reçu des coups de livre à chaque faute d’orthographe, je me faisais sermonner à voix haute, et ça faisait rire toute la classe. J’avais des notes en dictée (jusqu'à -20) histoire de creuser encore la différence.
On m’a vite fait comprendre que j’étais différente des autres en me faisant des traitements particuliers.
À 8 ans, j’avais été placée sur une petite table à part, à côté de la maîtresse pour marquer la différence. J’avais les 25 regards de mes camarades sur moi.
Ça a été pour moi une expérience vraiment traumatisante. La maîtresse m’a dit un jour “Je vais te faire rentrer dans le rang en te mettant à l’avant.”
À la récré, j’étais enfermé dans la classe pour faire des lignes de rédaction au lieu d’aller jouer comme les autres. Je devais travailler pour compenser tout le temps.”
As-tu caché ton handicap ?
“J’ai caché mon handicap à partir du collège. C’était trop négatif. On finit par ne plus accepter son handicap. On veut faire partie d’un groupe d'amis, Il faut être dans la norme si on veut pouvoir s’intégrer socialement.”
C’est quoi tes plus grosses souffrances en tant que DYS ?
“On m’avait dit tu ne feras pas d’étude. tu ne seras pas fait pour un travail intellectuel. J’avais l’impression de rentrer dans aucune case.”
À l’école, j'étais surnommé “l’attardé dyslexique”. Tu peux réussir tout ce que tu veux dans la vie, ça n’effacera jamais tes difficultés auxquelles tout le monde a fini par t'identifier et si tu réussis quelque chose, on te dit que c’est parce que tu as de la chance. J’ai bossé trois fois plus que les autres en permanence.
Le système éducatif a choisi jusqu’au lycée mon orientation sans me laisser faire mes choix. On m’a dicté mon futur sur des critères purement discriminatoires, des préjugés. J’avais beau être dans les meilleurs de ma classe, ils ne m'ont pas laissé aller dans une filière générale scientifique.”
Quels sont tes super-pouvoirs ? ⚡️(chaque DYS à ses super-pouvoirs)⚡️
“Mon top 1 super pouvoir, je suis beaucoup plus créative que la normale dans le fait de trouver des solutions. Le fait de se construire dans un environnement qui ne me correspondait pas, c’est devenu pour moi normal de devoir m’adapter, trouver des solutions.
J’ai aussi une très bonne mémoire visuelle. J’apprends tout très facilement et heureusement pour moi ça m’a permis de beaucoup compenser.
Je suis beaucoup plus curieuse que la moyenne en tant que DYS, j’ai dû apprendre à me connaître. Ça nécessite une capacité d’introspection.
Je suis plus emphatique et plus à l’écoute, car je sais ce que cela signifie d’être différent et incompris.
Je suis beaucoup plus résiliante face à l’échec, l’échec est devenu normal pour moi. J’ai dû faire preuve d’une patience énorme pour pouvoir réussir. Je suis devenue bonne élève qu'à partir de la 5ème.”
Comment as tu réussi à te libérer de ton poids de DYS ?
“J’ai fait mon “coming out" à 27 ans, quand un ami prof d’histoire m’a demandé de témoigner pour prouver à des élèves DYS qu’ils pourraient faire des études supérieures et un métier qu’ils aiment.
Ça a été un vrai levier de l’accepter et d’arrêter de gaspiller de l’énergie pour le cacher constamment. C'est là que j’ai décidé d'aller dans des collèges et lycée pour sensibiliser sur le sujet et dire à ces enfants qu’ils ne sont pas bêtes, pas anormaux et qu’ils ont du potentiel car le cerveau est bien fait, il compense par d’autres facultés.”
Quel impact ce handicap a eu sur ta confiance en soi ?
“ On nous rappelle tellement notre trouble DYS qu’on a du mal à les oublier. On te répète tout le temps que tu es mauvais et c’est très difficile.Tu gardes sans arrêt le syndrome de l’imposteur.
C’est très difficile de s’approprier les réussites, j’ai toujours pensé que c’était de la chance, parce qu’on me l’a répété à chaque fois que je réussissais quelque chose, j’étais responsable de mes échecs mais pas de mes réussites.
Aujourd’hui, je suis extrêmement exigeante et je culpabilise à chaque fois que je fais une faute d’orthographe. C’est très dur d’avoir confiance en soi.”
Est-ce que ça va mieux aujourd’hui qu’avant ?
Ça va beaucoup mieux qu’avant, en même temps je partais de très loin. J'essaye de m'autoriser à faire des erreurs. Mais ce n'est pas encore totalement ça. J’essaye d’affronter mes peurs pour les dépasser.
J’ai beaucoup progressé mais le chemin est encore long pour gommer les blessures du passé qui sont gravées en moi.
Comment vois-tu ton handicap comme une force ?
“Aujourd'hui, si j’avais à refaire, je referais la même chose. Je suis très combative grâce à ça. C’est un pilier fondamental de ma vie.
Je serais surement totalement différente, sans ce tempérament. Je n’aurais pas cette abnégation et ma vie serait plus ennuyeuse.
Finalement, même si cette différence a été très dure pendant toute ma vie, je ne regrette absolument pas ce chemin de vie.
“je ne suis pas la plus belle, la plus intelligente, la plus drôle …” Mais juste une personne extrêmement combative grâce à cela. Je n’ai plus peur de l’avenir car je sais que quoi qu’il arrive, j'y arriverai et pour moi c’est le plus important.”
Pour les parents qui lisent le cette newsletter: 👪
J’ai remarqué que les métiers du digital sont des métiers très porteurs chez les DYS. Grâce à l’ordinateur, ils permettent d’exprimer plus pleinement ses capacités en se libérant de certaines difficultés (écriture, orthographe, construction de phrase…). Comme vous avez pu le voir avec Marie, nous travaillons tous les deux dans le digital.
C’est la fin de cette newsletter : Alors, ça t’as plu ? 🙂
Dis-moi ce que tu as le plus apprécié(e) pour orienter les prochaines. 🙂
BONUS : Si tu as ça en stock, envoie-moi ton super pouvoir, je publierais les meilleurs dans une prochaine newsletter ! ⚔️
Merci pour ce témoignage, pour ces témoignages,je les lis à ma fille de 12ans,dyslexique et dysorthographie, qui pense qu’elle n’y arrivera jamais.
Comment a t’on accès au podcast svp.
Ma fille est une battante mais ne voit pas le bout, pourtant moi je vois tout ce que l’on met en place au quotidien,mais elle subit encore beaucoup trop de moquerie et j’en passe, encore cette année j’ai dû intervenir auprès de certains professeurs, c’est devenu mon combat, ce n’est pas le seul mais je lâche rien et ma fille non plus malgré ses nombreux doutes, ses remises en questions…
✊🏼Les Dys😎
Bonjour je suis mère de 2 filles de 17 et 19 ans multidys. Depuis qu'elles sont petites elles sont mises à l'écart à l'école mais aussi dans la population en générale. Aujourd'hui elles ont pu obtenir un CAP ,pas de longues études. Pour nous parents, c'est un combat au quotidien car elle n'ont pas les supers pouvoirs de Marie. Entrer dans la vie professionnelle est un autre combat quand on a une RQTH. En suivant les histoires de Marie je me ressource