Episode XXV : La revanche de Marie Coisnon Destouches
Cette semaine dans la Revanche des Dys :
le financement de la Revanche des Dys
la dyslexie, une évolution nécessaire de l’être humain ?
le parcours de Marie, dysorthographique et dyscalculique
Le financement de la Revanche des Dys
Comme vous l’avez précédemment vu passer dans nos articles, nous sommes à la recherche d’idées de financement. 😄
Je vous remets donc le lien du questionnaire, si cela vous intéresse : https://forms.gle/MvN7BSvzmCNUqWAA9
Nous contacterons toutes les personnes intéressées ! Merci encore de nous aider à nous développer. 🙇🏼♀️🙇🏻
Les dyslexiques auraient participé à la survie de l’espèce humaine
Une étude interdisciplinaire de l’Université de Cambridge s’est intéressée à l’apport évolutif de la dyslexie à l’espèce humaine.
“La dyslexie pourrait s’expliquer par un compromis cognitif entre l’exploration de nouvelles informations et l’exploitation des connaissances existantes” affirme Helen Taylor, l’auteure de l’étude et chercheuse. 🤯
Nous serions donc porteurs d’une super évolution ayant pour but de garantir la pérennité de notre espèce !
Pour plus d’informations :
L’interview de Marie Coisnon Destouches
L’interview de Marie :
dysorthographique et dyscalculique
brodeuse
artisane couturière
Dans cet épisode, il sera question de :
La dysorthographie :
Trouble développemental de l’expression écrite
Affecte les compétences liées à l’écriture (orthographe, grammaire, ponctuation, organisation et cohérence des idées à l’écrit)
La dyscalculie :
Trouble développemental des mathématiques
Affecte les compétences liées aux mathématiques (représentations du nombre, précision et rapidité du calcul mental, et/ou raisonnement mathématique)
Bonjour Marie ! Bienvenue dans la Revanche des Dys ! Est-ce que tu veux te présenter rapidement ?
Bonjour ! Merci de me recevoir ! Je m’appelle Marie, je suis brodeuse professionnelle et artisane couturière, dysorthographique et dyscalculique.
Ça fait longtemps que tu as été diagnostiquée ?
Pas vraiment non... En fait je m’en suis rendue compte avec mes enfants ! Ils sont tous les deux dys, et leur diagnostic m’a fait réaliser mes propres difficultés.
J’imagine que dans ce contexte, ta scolarité n’a pas due être de tout repos…
Effectivement ! Je peux même parler d’une scolarité chaotique.
Je manquais de confiance en moi, donc ce n’était vraiment pas facile. Et je n'arrivais pas à remplir les exigences des professeurs. En primaire, j’étais toujours sous la moyenne.
Chaque année, mes instituteurs demandaient le redoublement. Chaque année, j’attendais la sentence, la boule au ventre. Et chaque année, ma mère refusait et se battait pour que je passe.
Je finissais par passer, non sans mal, au niveau suivant.
Heureusement pour moi, j’avais un noyau de trois amies, avec qui on partageait des liens très forts !
Je les ai suivies au collège, ce qui m’a notamment amenée à faire allemand première langue. C’était super compliqué. Les langues et leur apprentissage, ça a toujours été une catastrophe pour moi.
J’ai eu la chance d’avoir une super prof de français, qui m’a aidée à relativiser. Elle a proposé des cours de théâtre et en tant que timide, c'était magique pour développer la confiance en soi.
J’assistais également aux cours de latin lorsque les sujets étaient la mythologie et l’étymologie.
Mais tout ça n’a pas suffit. Ma prof de maths, à l’inverse, me répétait que je n’y arriverais jamais. A la fin du collège, on m’a fait comprendre que j’étais nulle, et que le lycée général n’était pas pour moi.
Face à ça, comment as-tu réagi ?
J’adore le dessin, à l’époque je voulais devenir architecte d’intérieur. Mais je me suis orientée vers un CAP - Bac Pro Dessin Publicitaire.
J’ai passé un concours, il n’y avait que 20 places pour 250 prétendants. Et j’ai été prise !
A la sortie du collège, je n'ai pas eu mon brevet, mais j'ai été prise dans un lycée spécialisé grâce à ce concours.
Impressionnant ! Mais du coup, comment es-tu passée du dessin publicitaire à la broderie ?
En fait, je suis tombée dans la broderie un peu par hasard.
J’ai trouvé un travail à la fin de ma scolarité, ça a duré 6 mois, jusqu’à un licenciement économique.
J’ai retrouvé un travail, en sérigraphie, en remplacement d’une personne en congé maternité. A la fin du contrat, quand la personne est revenue, l’entreprise a ouvert un pôle broderie.
Ils m’ont proposé un poste, et je me suis formée “sur le tas” haha.
J’y ai été assistante, puis responsable. Mais je ne suis pas faite pour manager, je n’aime pas le conflit.
Donc au total, je suis brodeuse salariée depuis 20 ans, dont 3 en tant que responsable broderie. Et depuis 3 ans, je suis artisane couturière.
En quoi consiste ton métier ?
Je réalise les motifs brodés sur les vêtements, à partir de modèles. Je gère mon travail seule, de A à Z.
C’est manuel, ça me plaît beaucoup, et je bouge, je suis active !
En tant que dyscalculique, est-ce que ce n’est pas difficile ? Est-ce qu’il y a des calculs mathématiques dans ton travail ?
Pas vraiment. J’ai une machine à broder, je dois juste programmer. J’ai un logiciel qui transforme le dessin en motif à broder.
Il n’y a pas de mathématiques à proprement parler, c’est plutôt réfléchir à des paramètres sur les fils, le tissu à broder, les points à réaliser…
Le plus dur à faire, ça va être un produit en croix pour bien calculer la dimension d'une broderie par rapport à une photo fournie (rires) !
Comment t’es venue ce diagnostic de dys ?
C’est lié à mes enfants.
J’ai un fils de 15 ans qui est dyspraxique, et une fille de 12 ans dysorthographique et dyscalculique.
Evidemment avec eux j’ai fait les séances d’orthophonisme, de psychomotricité, d’ergothérapie, etc.
Ça a remué de vieux souvenirs. Et c’est compliqué parfois pour moi de pouvoir les aider.
Qu’est-ce que cette « étiquette » dys t’a apportée ?
Honnêtement ? Beaucoup de soulagement.
Avant je ne connaissais pas les dys, ça n’existait pas à mon époque. Je croyais que j’étais nulle.
Apprendre que je suis dys, ça m’a apporté beaucoup de soulagement, et une meilleure compréhension de moi-même.
Je suis très curieuse des dys, je veux nous comprendre !
Est-ce que tu as fait des changements dans ton travail suite à ce diagnostic ?
Non, je n’ai pas fait de changement, principalement parce que je vois pas trop où en faire.
Le plus gênant pour moi a toujours été sur les mails aux clients, les publications écrites... Je dois beaucoup me relire, corriger les fautes... je n’ai pas encore mis en place d’outils pour m’aider sur ce point-là.
Mais ce diagnostic m’a donné confiance en moi, et aujourd’hui j’assume. J’en parle librement depuis plusieurs mois.
Je me suis lancée dans plusieurs projets d’écriture d’ailleurs !
Lesquels ?
Il y a deux ans, l’auteure Raphaëlle Giordano a demandé à ses lecteurs d’écrire un texte sur une peur inavouable. Je me suis lancée, et j’ai écrit un texte sur mes pieds haha.
Mon texte a été retenu ! Et il est publié dans son livre « Heureux les fêlés car ils laissent passer la lumière », à la page 298 pour les plus curieux.
Je me suis également mise au Kasala, un art africain qui consiste à faire des compliments. J’écris des compliments aux autres, mais surtout à moi-même.
Et je réalise également des illustrations pour des livres pour enfants. J’en ai fait 4 jusqu’ici, sur le thème de l’écologie, à base de recyclage, en faisant notamment des collages.
Donc voilà, je suis fière de moi, je vais être éditée, et c’est important de se féliciter !
Oh, et dernier challenge en date, j’ai participé au challenge RamenTaFraise de Nina Ramen sur LinkedIn, qui consiste à écrire un post par jour pendant une semaine.
Whoua ! C’est génial tous ces projets ! On sent que tu es très épanouie.
Oui, je pense que c’est important de bien s’entourer pour pouvoir s’épanouir. J’ai la chance d’avoir toujours été bien entourée, soutenue, complimentée…
Quand on est dys et gauchère, c’est important de s’entendre dire qu’on a plein de qualités. On met l’accent sur le positif, pas sur les blocages que l’on rencontre parce que le monde n’est pas fait pour nous.
En tant que dys, quels sont tes super-pouvoirs ?
Question difficile haha !
Je dirais que mes dys m’ont donné beaucoup de créativité, d’adaptabilité et d’empathie. Cela me permet d’être à l’écoute des autres.
Et être dys fait de moi quelqu’un d’optimiste !
Pour conclure, quels derniers messages souhaiterais-tu faire passer aux lecteurs ?
Je voudrais déjà dire que je suis contente de pouvoir parler de mes dys ici. C’est important d’avoir des exemples, de montrer qu’on peut être dys et vivre sa vie pleinement.
Pour le reste... il ne faut pas juger trop rapidement un enfant. C’est important d’identifier ses faiblesses, mais pas que ! Il faut aussi trouver les forces, et les renforcer.
Au final ce qui compte, c’est le message transmis : on peut y arriver et réussir !
Dans notre galaxie pas si lointaine… 🚀🌌
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Je vous dis à dans deux semaines ! Que la Force des Dys soit avec vous !